Catégories cliniques de la Classification française pour l'enfant et l'adolescent. Psy Pedopsy :
CLASSIFICATION FRANCAISE DES TROUBLES MENTAUX DE L'ENFANT ET DE L'ADOLESCENT
Axe I : CATEGORIES CLINIQUES - CFTMEA R - révision année 2000
1) Autisme et Troubles psychotiques
On classera ici des troubles autistiques et psychotiques avérés chez l'enfant et l'adolescent. Bien que n'appartenant pas strictement au registre psychotique, on y fera figurer également des troubles thymiques de l'adolescent, dont la sévérité et la massivité obèrent temporairement le rapport au réél.
1.0 Psychoses Précoces (Troubles envahissants du développement)
1.00 Autisme infantile précoce - type Kanner :
1° Début généralement au cours de la première année avec présence des manifestations caractéristiques avant l'âge de 3 ans.
2° Association de :
- troubles majeurs de l'établissement des relations interpersonnelles et des relations sociales.
- altération qualitative de la communication (absence de langage, troubles spécifiques du langage, déficit et altération de la communication non verbale).
- comportements répétitifs et stéréotypés avec souvent stéréotypies gestuelles ; intérêts et jeux restreints et stéréotypés.
- recherche de l'immutabilité (constance de l'environnement)
- troubles cognitifs
Exclure :
- les autres psychoses de l'enfant
- les déficiences intellectuelles dysharmoniques
- les démences
- les troubles complexes du langage oral
Correspondance CIM 10 = F 84.0 - autisme infantile
1.01 Autres formes de l'autisme :
Syndrome autistique incomplet ou d'apparition retardée après l'âge de 3 ans
Inclure : certaines psychoses de type symbiotique avec traits autistiques.
Exclure :
- les autres psychoses de l'enfant
- les déficiences intellectuelles dysharmoniques
- les démences
- les troubles complexes du langage oral
Correspondance CIM 10 = F 84.1 - autisme atypique
1.02 Psychose précoce déficitaire. Retard mental avec troubles autistiques ou psychotiques :
Intrication d'un retard mental sévère, et d'emblée présent,avec des traits autistiques ou psychotiques, notamment des accès d'angoisse psychotique associés à des régressions et à des comportements auto-agressifs. Ces signes témoignent de l'existence d'un noyau psychotique, dont l'expression peut varier avec l'âge (des phénomènes dissociatifs ou des épisodes de délires peuvent survenir aux alentours de la puberté). C'est le caractère massif et la survenue d'emblée, qui justifie l'individualisation de ces formes de psychoses, sachant que par ailleurs, dans la plupart des cas d'autisme ou d'autres psychoses de l'enfant coexistent habituellement un retard mental ou des troubles cognitifs.
Inclure :
- psychose à expression déficitaire
- débilité évolutive
Exclure :
- les autres psychoses de l'enfant
- les déficiences dysharmoniques
Correspondance CIM 10 :
F 84.1 - autisme atypique
F 84.8 - autres troubles envahissants du développement
1.03 Syndrome d'Asperger :
Présence d'un syndrome autistique sans retard du développement cognitif et surtout du développement du langage. L'autonomie de ce syndrome par rapport à l'autisme infantile, et notamment aux formes d'autisme dites "de haut niveau" est discutée. C'est notamment dans de tels cas qu'ont été décrites des capacités particulières dans certains domaines (mémoire, calcul, etc...), isolées de l'ensemble du fonctionnement psychique.
Inclure : Psychopathie autistique
Correspondance CIM 10 : F 84.5 - syndrome d'Asperger
1.04 Dysharmonies psychotiques :
Classer ici les formes présentant les caractéristiques suivantes :
1° leur expression est manifeste à partir de l'âge de 3 à 4 ans ;
2° la symptomatologie varie d'un cas à l'autre et pour le même enfant, elle se modifie en cours d'évolution. On rencontre, parmi les motifs de consultation, les manifestations somatiques ou comportementales, l'instabilité, les inhibitions sévères, les manifestations phobiques, hystériques ou obsessionnelles, les dysharmonies dans l'émergence du langage et de la psychomotricité sans que le déficit intellectuel mesuré aux tests occupe une place centrale, au moins dans la période initiale. Les échecs dans les essais de scolarisation sont fréquents (phobies scolaires, difficultés d'apprentissage).
3° Derrière cette symptomatologie variable, les traits et mécanismes de la série psychotique constituent un élément commun :
- menace de rupture avec le réel, absence ou mauvaise organisation du sentiment de soi et des rapports avec la réalité ;
- tendance au débordement de la pensée par des affects et des représentations d'une extrême crudité ;
- les angoisses sont de divers types : angoisses de néantisation, angoisses dépressives et de séparation, parfois attaques de panique ;
- dominante d'une relation duelle avec incapacité d'accès aux conflits et aux modes d'identification les plus évolués;
- prédominance de positions et d'intérêts très primitifs.
4° En dépit de ces traits et mécanismes propres à la psychose, les capacités d'adaptation et de contrôle assurent souvent une protection contre les risques de désorganisation.
Ainsi, les modes d'expression pathologique peuvent être limités à certains domaines ou ne se manifester ouvertement que dans certaines phases évolutives.
Cette adaptation repose toutefois sur la mise en oeuvre de modalités contraignantes impliquant des restrictions notables dans les échanges avec autrui.
Inclure, lorsqu'ils répondent aux critères précédents :
- les prépsychoses ;
- les parapsychoses ;
- les dysharmonies évolutives de structure psychotique ;
- les psychoses pseudo-névrotiques ;
- les psychoses pseudo-caractérielles ;
- le syndrome dit de l'enfant atypique ;
- les psychoses de type symbiotique ;
- les "Multiplex Developpmental Disorders" (MDD).
Exclure :
- les autres sous-catégories des psychoses de l'enfant ;
- les pathologies de la personnalité (catégorie 3) ;
- les troubles névrotiques (catégorie 2).
Correspondance CIM 10 = F 84.8 autres troubles envahissants du développement
Les diverses organisations citées parmi les inclusions soulèvent des problèmes diagnostiques difficiles. Ainsi, les psychoses symbiotiques décrites par M. Mahler sur des critères psychanalytiques n'entrent pas toutes dans ce cadre mais peuvent être classées également parmi les psychoses de type autistique (1.01), ou de type schizophrénique (1.04), selon les aspects cliniques dominants. De même, les enfants dénommés par certains auteurs, atypiques ou schizoïdes, entrent assez rarement dans le cadre des psychoses, ils trouvent plutôt leur place parmi les pathologies de la personnalité (catégorie 3), les troubles névrotiques (catégorie 2), et même quelquefois parmi les variations de la normale (catégorie 9).
1.05 Troubles désintégratifs de l'enfance :
Après un début de développement normal, généralement jusqu'à l'âge d'au moins 2 ans, survenue :
- d'une perte manifeste des acquisitions cognitives et psychomotrices
- accompagnée de l'apparition d'éléments plus ou moins complets, plus ou moins caractéristiques du syndrome autistique.
Un cas particulier est le syndrome de Rett dans lequel l'arrêt du développement psychomoteur est précoce, entre 5 et 30 mois, avec une diminution de la croissance crânienne et de symptômes caractéristiques : la perte de l'usage fonctionnel et intentionnel des mains ainsi que des mouvements stéréotypés des mains à type de torsion ou de lavage. Par la suite se manifestent des troubles de la marche et du tonus du tronc ainsi qu'un retard psychomoteur sévère.
Inclure :
- démence
Exclure :
- autisme infantile
- autres psychoses précoces ou troubles envahissants du développement
- aphasie acquise avec épilepsie (syndrome de Landau-Kleffner)
- mutisme électif
- schizophrénie
Correspondance CIM 10 :
F 84.3 - autres troubles désintégratifs de l'enfance
F 84.2 - syndrome de Rett
1.08 Autres psychoses précoces ou autres troubles envahissants du développement :
Correspondance CIM 10 = F 84.8 autres troubles envahissants du développement
1.09 Psychoses précoces ou troubles envahissants du développement non spécifiés :
Correspondance CIM 10 : F84.9 trouble envahissant du développement, sans
précision
1.1 Schizophrénies
1.10 Schizophrénie de l'enfant :
Survenue après l'âge de 4 ou 5 ans de troubles psychotiques, se manifestant soit progressivement soit à partir d'un épisode aigu ou subaigu, et s'inscrivant dans un processus évolutif au long cours ; dans la clinique prédominent dissociation, discordance, des manifestations d'angoisse psychotique, un retrait et une désorganisation majeure de la vie mentale avec perte rapide des capacités adaptatives. Les manifestations délirantes sont moins fréquentes et plus difficiles à mettre en évidence que chez l'adulte, elles prennent la forme d'idées persécutives ou d'idées de transformation corporelle, ou encore de phobies étranges.
L'évolution se fait généralement vers la persistance de troubles schizophréniques sévères avec souvent une altération de l'efficience intellectuelle. Ces formes de psychose peuvent aussi constituer un mode d'évolution d'une psychose précoce (certains cas d'autisme ou de dysharmonie psychotique notamment).
Correspondance CIM 10 = F 20
1.11 Troubles schizophréniques à l'adolescence :
1.110 Aspects prodromiques :
Ils comportent une multitude de symptômes atypiques parmi lesquels les signes dits "négatifs" de la schizophrénie sont dominants, mais sur un mode mineur qui ne permet pas d'affirmer le diagnostic de schizophrénie mais fait craindre cette évolution. Les signes les plus habituels sont une réduction de l'attention et des capacités de concentration, une baisse sensible des résultats scolaires, des désirs et des motivations, une anhédonie, un retrait social, une tendance à l'isolement, l'inversion du rythme nycthéméral, une irritabilité, des accès de violence, une pensée diffluente, un discours désaffectivisé, des idées bizarres, une mégalomanie, des pensées ou des gestes suicidaires. Aucun de ces signes n'est suffisant à lui seul. C'est leur regroupement et surtout leur accentuation régulière sur plusieurs mois, ainsi que leur association à une anxiété constante, envahissante, voire à une angoisse massive, indicible, quasi continue, qui permet de retenir ce diagnostic.
Le tableau clinique peut être dominé par des conduites anti-sociales et des irruptions violentes incontrôlables contre des biens, des personnes ou contre eux-mêmes, associées à une activité projective massive et continue et à une intolérance totale aux affects dépressifs immédiatement relayés par des passages
à l'acte violents hétéro- ou auto-agressifs. Il est de plus en plus fréquent que ces tableaux cliniques s'associent à une prise de drogue ou d'alcool continue ou
discontinue. L'évolution vers la schizophrénie avérée n'est pas constante.
Exclure : un syndrome dépressif sévère.
Correspondance CIM 10 :
1.111 Schizophrénie avérée :
On regroupe ici l'ensemble des manifestations schizophréniques qui sont celles des tableaux classiques des schizophrénies de l'adulte.
Correspondance CIM 10 = F 20
1.2 Troubles délirants (persistants) :
Classer ici les troubles caractérisés essentiellement par la présence d'idées délirantes persistantes ne correspondant pas aux troubles schizophréniques.
Il s'agit habituellement d'idées délirantes uniques ou multiples de persécution, mégalo-maniaques, hypochondriaques ; de délires passionnels ou d'imagination ; de dysmorphophobies délirantes.
Correspondance CIM 10 = F22 troubles délirants persistants
1.3 Troubles psychotiques aigus :
Episodes aigus ou subaigus, pouvant prendre la forme de la bouffée délirante des auteurs français (survenue brutale de manifestations délirantes polymorphes, par leurs thèmes et leurs mécanismes hallucinations, interprétations, intuitions), ou de la schizophrénie aiguë des auteurs anglo-saxons, d'autres aspects cliniques comportant une rupture brutale des repères usuels, un remaniement profond du vécu peuvent observer.
Une évolution rapidement favorable est nécessaire au diagnostic.
1.30 Trouble psychotique aigu polymorphe sans symptômes schizophréniques :
1.31 Trouble psychotique aigu polymorphe avec symptômes schizophréniques :
1.38 Autres :
Exclure:
- les formes dans lesquelles les troubles persistent au-delà de quelques semaines
- les cas dans lesquels les accès se répètent, et dans lesquels persistent des modifications de la personnalité
- les décompensations d'allure aiguë d'une psychose confirmée.
Correspondance CIM 10 = F 23 troubles psychotiques aigus et transitoires
1.4 Troubles thymiques :
1.40 Psychoses dysthymiques de l'enfant :
Classer ici les psychoses où les troubles de l'humeur occupent une place centrale. Les manifestations peuvent apparaître à partir de 3, 4 ans sous la forme d'expressions symptomatiques appartenant à la dépression et à l'excitation. L'envahissement par des affects dépressifs, le repli sur soi, le ralentissement idéique, le vide de la pensée, s'associent ou alternent avec des phases d'excitation de type maniaque, des accès d'agitation ou des phénomènes de débordement idéique.
Inclure : les formes de même nature mais qui ont été décrites sous un autre dénomination :
- les psychoses affectives ;
- les troubles thymiques de structure psychotique.
Correspondance CIM 10 : F 25; F 30 à 39 sans leur être entièrement assimilables
1.41 Troubles thymiques de l'adolescent :
Les troubles de l'humeur, ("troubles affectifs") inaugurant ou non des troubles maniaco-dépressifs uni ou bipolaires peuvent survenir dès l'adolescence. Ils sont de mieux en mieux reconnus même sous une symptomatologie atypique. Bien que n'appartenant pas strictement au registre psychotique, nous classons dans cette rubrique les troubles thymiques dont la sévérité et la massivité obèrent temporairement le rapport au réél. Ils s'associent fréquemment, surtout à cet âge, à des manifestations psychotiques. Il nous paraît plus satisfaisant, à l'heure actuelle, de privilégier les troubles de l'humeur sur les symptômes psychotiques. Cela nous a conduit à classer ici les troubles schizo-affectifs, à l'exception des cas où la symptomatologie schizophrénique laisse très au second plan les troubles affectifs et les fait classer en schizophrénie avérée.
Exclure : les états dépressifs survenant dans un contexte névrotique, de pathologie de la personnalité ou de troubles réactionnels.
1.410 Episode maniaque :
1.4100 Episode maniaque actuel s'inscrivant dans un trouble affectif bipolaire
1.4101 Manie sans symptômes psychotiques
1.4102 Manie avec symptômes psychotiques
1.4103 Etat mixte
1.4104 Hypomanie
Inclure : certains états schizo-affectifs
Correspondance CIM 10 : F25 (en partie) ; F 30 ; F31.0 à F31.2 ; F31.6 ; sans leur être entièrement assimilables
1.411 Episode dépressif :
1.4110 Episode dépressif actuel s'inscrivant dans un trouble affectif bipolaire
1.4111 Episode dépressif sévère sans dimension mélancolique manifeste
1.4112 Episode dépressif sévère sans dimension mélancolique manifeste, avec symptômes psychotiques
1.4113 Episode dépressif sévère avec dimension mélancolique
1.4114 Episode dépressif sévère avec mélancolie délirante
Inclure : certains états schizo-affectifs
Correspondance CIM 10 : F25 (en partie) ; F31.3 à F31.5 ; F32.2 et .3 ; F33.2 et .3 sans leur être entièrement assimilables
1.5 Etats dépressifs après épisode psychotique :
Episode dépressif survenant au décours d'un épisode psychotique le plus souvent aigu, ou classé dans le registre de la schizophrénie. Il est difficile de savoir dans ces troubles dépressifs ce qui relève du registre psychotique, dont les symptômes les plus manifestes ont disparu, de l'effet des neuroleptiques, d'une réaction psychologique à la maladie ou dun état dépressif spécifique.
Correspondance CIM 10 : F20.4 dépression post-traumatique
1.8 Autres Troubles Psychotiques :
Correspondance CIM 10 : F28 autres troubles psychotiques non organiques
1.9 Troubles Psychotiques non spécifiés :
Correspondance CIM 10 : F29 psychose non organique, sans précision
- des troubles psychotiques
- des troubles névrotiques
- des troubles dits "limites"
- des troubles réactionnels
- les déficiences mentales
- les troubles du développement et des fonctions instrumentales
- les troubles des conduites et des comportements
- les troubles à expression somatique
- les variations de la normale