Quelques Fondateurs de la pédopsychiatrie
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Asperger Hans (Vienne 1906 - 1980) Pédiatre et Psychiatre autrichien puis américain. Connu dans ses recherches sur la psychopathie (tendances caractérielles, "Die Autistischen Psychopathen") et sur une forme de l'autisme (contraction des mots "auto" et de "érotisme") chez l'enfant où il n'y a pas de retard du développement du langage et du développement cognitif: le syndrome d'Asperger.

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Binet Alfred : (1857 Nice - 1911 Paris) Psychologue, physiologiste et pédagogue français. Inventeur avec son collaborateur et Psychiatre Théodore Simon de la psychométrie et des premières formes de la psychologie scolaire. Il reprochait à la pédagogie ancienne d'être trop moralisatrice. Le premier test psychométrique Binet-Simon est présenté au Congrès international de Psychologie de Rome en 1905. Il s'incrit comme son successeur américain, Wechsler dans les ramifications inquiétantes des tristes eugénistes et phrénologistes. Lire à ce propos, "The Mismeasure of Man" de Stephen Jay Gould.

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Bourneville Désiré Magloire : (1840 - 1909) Neurologue, célèbre par ses études sur certaines pathologies dégénératives dont les phacomatoses et parmi elles une maladie qui porte son nom. Il fut l'un des premiers médecins à conseiller l'orientation des enfants déficients intellectuels dans des établissements qui furent à l'origine des actuels instituts médico-pédagogiques. Aujourd'hui, c'est l'inverse : Les instituts médico-pédagogiques ne sont plus dirigés par des psychiatres qui de moins en moins nombreux n'y ont plus presque qu'un rôle très accessoire de gratte-papier pour les dossiers MDPH.

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Bick Esther : (1902 Prezmyil - 1983 Londres) Psychologue et psychanalyste viennoise puis anglaise en 1938, Esther Bick s'occupa de l'organisation des crèches pendant la seconde guerre mondiale. Elle situe le début de la vie psychique avec l'introjection des objets contenants. Elle développa une méthode d'apprentissage de l'observation des nourrissons sans à priori et avec un complet altruisme ...

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Bowlby John : (1907 - 1990) Pédiatre et psychanalyste anglais. C'est à partir de l'observation clinique de jeunes délinquants qu'il élabora la théorie de l'attachement. Il a été influencé par René Spitz (psychanalyste, notion d'hospitalisme), Harry Harlow (psychologue, travail sur les singes rhésus), Konrad Lorenz (éthologue, notion d'empreinte et d'imprégnation) et James Robertson (pédiatre, effets de la séparation mère-enfant). Son travail a été complété par Mary Salter Ainsworth qui a développé le test de la situation d'étrangeté.

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Castets Bruno : (1939 - ) Psychiatre Français. Auteur en 1969, après son passage au C.H.S. d'Armentières, du livre de référence médico-éducatif "l'enfant fou". A cette époque les instituts médico-éducatifs étaient dans le nord à l'intérieur des enceintes des hôpitaux psychiatriques .

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Dolto Françoise : (1908 - 1988) Psychiatre Français. Célèbre par sa participation médiatique et sa diffusion des connaissances psychanalytiques et éducatives sur le développement de l'enfant. Auteur de nombreux ouvrages tant théoriques que de vulgarisation. Fine clinicienne, orateur passionné, créatrice des "maisons vertes", lieu de socialisation précoce pour les enfants de 0 à 3-4 ans, Françoise Dolto a élaboré, le concept d'image Inconsciente du Corps et de castrations symboligènes nécessaires à l'évolution de l'enfant.

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Duquenne Paul: (1933 - 2010) Psychiatre Belge. Co-créateur de l'école belge de psychanalyse de Bruxelles. Traducteur en 1975, avec Nicole Sels, du livre de référence "Denkwürdigkeiten eines Nervenkranken" ou "mémoires d'un névropathe". Ce livre permet de réunifier les psychoses paranoïaques, y compris les délires passionnels à idées prévalentes qui se développent en secteur, sous le primat du mécanisme psychotique principal à savoir une perception sans objet à percevoir, le mécanisme hallucinatoire. Ces hallucinations, en particulier cenesthésiques, sont longtemps cachées par le patient d'où l'intérêt de ce livre qui a servi de base à la thèse de Lacan.

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Duché Didier-Jacques : (1916 Paris - ) Psychiatre Français, membre de l'académie de médecine. Auteur du "Précis de Psychiatrie de l'enfant" en 1971, et, plus récemment de "l'histoire de la psychiatrie de l'enfant" en 1990.

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Falret Jean Pierre : (1794 - 1870) Médecin aliéniste français, créateur avec son ami Voisin d'une école orthophrénique pour les enfants arriérés.

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Freud Anna : (1895 Vienne - 1982 London) Fille de Sigmund Freud. Autrichienne puis anglaise. Auteur de "Le traitement psychanalytique des enfants (1927)" & "Le Moi et les mécanismes de défense". Institutrice, psychanalyste et psychopédagogue, elle était partisane d'une intervention active du thérapeute dans la cure de l'enfant pour obtenir sa confiance et l'aider à révèler ses conflits inconscients. Elle refusait la possibilité d'obtenir un véritable transfert chez l'enfant. Elle a combattu jusqu'à sa mort les fantasmes qui couraient sur son père.

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Heuyer Georges : Chef du premier service de neuropsychiatrie infantile à Paris en 1925. Ce service qui s'était développé à partir d'un service d'adolescents délinquants recevait alors aussi les enfants coléreux, anxieux, nerveux, et ceux souffrant de retard mental. Georges Heuyer n'en est pas moins un ardent défenseur des thèses constitutionnalistes.

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Hug-Hellmuth Hermine von : (1871 Vienne - 1924 London) Physicienne et psychanalyste. Première pionnière de l'application et de l'adaptation à l'enfant des concepts psychanalytiques dans un but thérapeutique. Première femme a être représentante de l'association psychanalytique internationale. Elle développa la technique du jeu. Elle fut assassiné par le fils illégitime de sa propre soeur décédée en 1915, son neveu Rudolf Otto Hug qu'elle avait reçu en entretien, mais qu'elle ne pouvait psychanalyser.

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Itard Jean Marie Gaspard : (1774 - 1838) Médecin otologiste rendu célèbre par son étude et les soins qu'il a donné pendant quelques années auprès d'un enfant "sauvage" : Victor, retrouvé en 1800 vivant seul dans les bois de l'Aveyron et qui fut finalement confié à un hospice.

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Kanner Léo : (1894 - ) Médecin psychiatre autrichien puis américain qui décrivit en 1943, une forme sévère et précoce de l'autisme de l'enfant : l'autisme de Kanner. Cet autisme apparaît dans les deux premières années de la vie et se traduit par une grave perturbation relationnelle entre l'enfant et son entourage jusqu'à simuler une débilité ou une surdité.

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Klein Mélanie : (1882 Vienne - 1960 London) Psychanalyste ayant étudié les éléments archaïques et terrifiants du psychisme ainsi que les positions schizo-paranoïde puis dépressive que traverse tout nourrisson. Célèbre comme opposante à Anna Freud, Mélanie Klein élaborait la notion de fantasmes oedipiens très précoces et a défendu un pouvoir prophyllactique à la psychanalyse de l'enfant présentant des troubles névrotiques en utilisant les éléments du jeu comme le matériel associatif.

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Mahler Margaret : (1900 Autriche - 1985 New York) Psychiatre et Psychanalyste ayant théorisé les psychoses infantiles dans leur problématique d'individuation et leur approche thérapeutique. On lui doit la notion de phase autistique normale et de psychose symbiotique.

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Michaux Léon : (1899 - 1978) Neuro-psychiatre Français. Professeur de psychiatrie, auteur en 1950 du premier traité de Psychiatrie infantile française, avec l'aide de Cyril Koupernik et de Didier-Jacques Duché.

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Mises Roger : (Paris 1924 - Paris 2012) Neuro-psychiatre Français. Chef de clinique dans le service du Pr. Heuyer. Professeur de psychiatrie et homme de consensus il a permis l'individualisation de la pédopsychiatrie publique en participant à la création en mars 1972 de la première circulaire légalisant le secteur infanto-juvénile. Il organise dans les années 1980 la création de la classification française des troubles mentaux (CFTMEA) en réaction aux classifications trop comportementalistes américaines (DSM). Il a oeuvré pour une pédopsychiatrie à visage humain (en particulier, contre le délaissement des jeunes handicapés mentaux avant 1950), et pour une pédopsychiatrie dynamique et intégrative entre les approches neurologiques, psychopathologiques, psychanalytiques et pédagogiques.

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Morgenstern Sophie : Médecin psychanalyste. Premier médecin à appliquer dans un service hospitalier français, celui de Georges Heuyer, les connaissances psychanalytiques. Psychanalysée par Eugenie Solkonica (1884-1934), première psychanalyste de France,non-médecin d'origine polonaise envoyée par Freud. Dès le début de la pédopsychiatrie, la psychanalyse lui fut relié. Néanmoins, Sophie Morgenstern fut vite débordé par l'importance de sa charge et donna sa démission au nouveau chef de service Henri Claude qui réclamait une présence médicale constante au cours des entretiens.

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Piaget Jean : (1896 Neufchatel - 1980 Genève) Epistémologue et psychologue suisse. Ses recherches dans le développement du psychisme et dans l'épistémologie génétique s'orientait principalement sur la question du développement de la connaissance. Pour lui, le développement de la connaissance suit une construction progressive logique de structures emboîtées par des processus d'intégration et d'assimilation où les structures logiques les moins puissantes contribuent à l'édification des structures plus puissantes jusqu'à l'âge adulte. Il a élaboré des tests psychométriques et le test des images en désordre.

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Seguin Edouard : (1812 Clamecy - 1880) Inventeur du traitement moral et physiologique de l'éducation des déficients mentaux, cet homme de génie fut rejeté par la majorité de la communauté médicale française de son époque malgré les très bons résultats qu'il obtenait avec patience et détermination comme instituteur dans plusieurs écoles privées et publiques dont celles de l'hôpital de la Salpétrière et de Bicêtre. Il publie après neuf ans de travail son "traitement moral ..." en 1846. Isolé et n'étant pas du sérail médical il fut calomnié en France par tous et aussi par Alphonse Daudet ("La chèvre de M. Seguin") et s'exhila aux USA où il devint médecin. Son fils fut le père de la neurologie américaine. Hippolyte-Tranquille Vallée lui succéda à Bicêtre. Edouard Seguin reste célèbré aux Etats-unis et en Grande Bretagne. Maria Montessori qui a développé les méthodes sensorielles et kinesthésiques copia avec dévotion et page par page son premier ouvrage.

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Spitz René : (1887 Vienne - 1974 Colorado ) Psychiatre et psychanalyste. Autrichien puis américain. Célèbre par sa description de "l'hospitalisme" : conséquence d'une privation de la relation à la mère qui va de la dépression anaclitique à un état polyhandicapé sans langage sans station debout et sans acquisition de la marche. René Spitz est connu aussi par sa notion des trois organisateurs du psychisme du jeune enfant : le sourire au visage humain du 3ième mois, l'angoisse de l'étranger au 8ième mois et l'acquisition du "non" à 18 mois.

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Simon Théodore : ( - ) Psychiatre Français. Célèbre par sa collaboration au premier test psychométrique le "Binet-Simon". Ce test, dans une époque d'Hygiène eugéniste et sélective, devait permettre l'honteuse séparation scolaire des dégénérés impropres à la scolarisation par la désinclusion systématique de ceux qui apparaissaient comme : "les Inéducables"

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Frances Tosquelles : (1912 Reus - 1994 Granges d'Olt) Psychiatre républicain catalan. Humaniste et Psychanalyste original, célèbre par la première utilisation de la psychothérapie institutionnelle qu'il a appliqué à Saint-Alban en Lozère. Ceci a permis d'épargner la vie des hospitalisés de cet l'hôpital, alors que 40 000 malades mentaux sont morts en France de faim et de froid pendant l'occupation allemande de 1940 à 1945. Pour lui, la médecine est une branche de la psychiatrie.

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Wallon Henri (1879 - 1962): Philosophe puis médecin pédiatre. Il est le premier titulaire de la chaire de psychologie de l'enfant en 1937 à Paris. Il démontre qu'au delà des besoins corporels facilement reconnus, l'enfant a aussi des besoins émotionnels et affectifs capitaux. Il est également à l'origine des concepts de "dialogue tonico-moteur et tonico-émotif" entre la mère et l'enfant et de celui de "l'épreuve du miroir".

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Winnicott Daniel Woods : (1896 - 1971) Pédiatre et psychanalyste anglais. Penseur prolifique du paradoxe, sans revendiquer la position d'un chef d'école, on lui doit les notions de "mère suffisamment bonne", "d'objet et d'espace transitionnels", de "holding, handling et object-presenting", de "faux self". Ces notions d'apparence simples se sont complexifiées car elles restent extensives, jamais finalisées.